mardi 1 avril 2008

Compte-rendu du séjour avec des parrains du Mans en janvier 2008


Ce premier séjour 2008 a été riche en émotions : nous avons fait connaissance avec les 33 nouveaux enfants parrainés et nous avons accueilli successivement deux groupes venus de France

Le 15 janvier arrivaient nos premiers voyageurs, tous membres de la maison de la coiffure de la Sarthe et parrains de plusieurs enfants : Mme Lilian Maingar, présidente , Mme Maïté Bernier, vice-présidente et son époux Jean, Mme Marie-Christine Morillon, membre, et Mme Maryline Santol, attachée de direction auprès de la maison de la coiffure et de son centre de formation d’apprentis.

Nous avons visité la capitale ensemble pendant deux jours , découvrant son intense trafic automobile, et sa pollution, mais aussi ses marchés flottants et ses quartiers traditionnels.

Le 18 au matin, notre groupe montait dans le minibus conduit par « Torm ». Destination, le village natal de Montri « Ban Makhamtao » à 170 km de là.

Premier arrêt au bout de 60 km : Aythaya, ancienne capitale détruite voici trois siècles lors d’une invasion birmane. Visite qui serait, certes passionnante, mais nos voyageurs viennent de parcourir 10 000km pour rencontrer leurs filleuls et quel que soit l’intérêt des explications leur cœur est déjà à Makhamtao.

Deuxième arrêt : Lopburi où nous entrons dans un grand magasin – nous le découvrons - pour acheter des cadeaux destinés aux enfants. Pour nous : une voiture téléguidée et une poupée. Pour nos parrains, tee-shirts, robes et sous-vêtements – Au fait, quelle est la taille des filleuls ? Pris d’une grande « fièvre acheteuse », les parrains doivent être un peu cadrés : nous leur accordons 1h30 afin de pouvoir arriver de jour au village. Dehors le thermomètre affiche 32 mais l’intérieur est climatisé !Leur retour au minibus, croulant sous les sacs dans lesquels ils ont aussi glissé cahiers et crayons, arrache un petit sourire à « Torm ». Déballage dans le véhicule. « Montri », crois-tu que ce sera assez grand pour mon petit protégé « Héro » ? Elles ont fait des folies.

Autre arrêt pour un petit tour dans l’ancien palais de la cité du Roi Narai . Nouvel environnement ; nous voici dans les rizières ; nous quittons la départementale et arrivons à Ban Sataey . « Leur » école est là , encore en chantier, tout béton ; nous roulons au pas ; les questions fusent. L’ancienne école construite en bois et si confortable en cas de canicule, a succombé voici une dizaine de mois, victime de l’appétit des termites.

Nous traversons Ban Sataey - eh non, ce n’était pas encore Ban Makhamtao mais comment le savoir quand on ne lit pas l’alphabet thaï ! A la sortie du village, dans la rizière et dûment gardés, pataugent un millier de canards ; la seconde culture de riz se prépare en parfaite symbiose avec les volatiles, heureux d’y patauger : ils y trouvent leur pitance, fertilisent le sol de leurs déjections – et finiront en canards laqués !

Et soudain, à l’horizon, une masse vert foncé se détache du vert tendre des jeunes pousses de riz. Le village : enfin ! Le village raconté dans le livre « Montri, fils d’un paysan thaï » Depuis 20 ans Maryline m’entendait lui conter son histoire – depuis un an elle préparait ce voyage ; elle rêvait de le connaître et il est là à portée d’yeux, à portée de cœur !



Nous sommes accueillis dans la maison familiale de Montri où chacun doit trouver ses repères en dépit de la fatigue. Naree, sœur de Montri a préparé les lits ; il nous reste à mettre les draps. Douche, froide !, puis repas du soir, éclairés par un faible néon. (Un repas coûte entre 1€ et 1.50 €) . Une bonne nuit nous fera le plus grand bien.

Après la bruyante Bangkok, quel plaisir d’entendre le pépiement des oiseaux. Il faudra composer avec le chant matinal des coqs, les pétarades des vélomoteurs, heureusement peu nombreux et les aboiements des chiens, fidèles et efficaces gardiens des maison sur pilotis ; ils se promènent en toute liberté dans les rues. Quant au samedi matin, comme tous les samedis, réveil tonique assuré par le Tino Rossi local, précédant le bulletin d’informations de la semaine écoulée .

Après une bonne nuit de repos, re-douche froide, puis petit déjeuner et enfin visite au vieux tamarin, huit fois centenaire : géant fatigué, il s’éclaircit d’année en année et son feuillage ne tamise plus le soleil .

C’est jour de marché : légumes et boucherie. Les mouches attirées par l’odeur se posent sur la viande et le boucher a fort à faire pour les chasser en agitant un bâton au bout duquel il a fixé un sac en plastique.

Séance photos avant de partir pour l’école en minibus . En cette fin de matinée, les enfants les plus jeunes arrivent à la cantine - il s’agit d’un bâtiment provisoire ; l’autre devant être opérationnel dans les deux mois à venir. Le directeur, Mr Narong Hasap et ses collaborateurs nous accueillent chaleureusement ; Montri fait les présentations.


Conduits par leurs enseignants, les enfants parrainés arrivent - quelle émotion pour les quatre marraines et leurs filleuls. Les larmes que ne peut retenir Marie-Christine sont communicatives. Informés de nos coutumes, les enfants se laissent toucher– en Asie on n’a jamais de contact épidermique.

Films, photos, petit discours des enfants puis de Montri.

Le sporting club de Marolles nous ayant offert trois jeux de maillots verts et blancs, il s’ensuit alors, dans les rires, une séance d’essayage. On déjeunera donc, aux couleurs du SCM puisque, afin de marquer son passage la Maison de la Coiffure du Mans, offre le repas aux 148 enfants ainsi qu’à tous les invités : 180 personnes en tout. Repas de fête ! Glace au dessert !

Coût : 150 € ! Quelques femmes de Makhamtao sont venues bénévolement pour aider au service. ( Nos visites ont toujours lieu sur un temps de repas pour ne pas perturber les cours ; nous avons donc, cette fois, joint l’utile à l’agréable. )

Que d’étonnement pour les enfants , âgés de 8 à 12 ans - ces « farangs » venus du bout du monde, pour les voir, doivent être très riches ! Et puis, quelle drôle de couleur de peau : toute blanche ! Et ces yeux ronds et clairs ! Et ces cheveux couleur de paille ! Et cette curieuse habitude qu’ils ont de vouloir nous toucher !

Pour le lendemain, rendez-vous est pris : nous irons rencontrer les filleuls dans leur cadre de vie familial.

L’après-midi est consacré à la visite de Ban mi puis du temple en teck au pied de la montagne aux 1500 marches « Kao Wongphachan » - Retour au village : il fait encore 30 degrés et la douche paraît friskette ! Dîner et plaisir de goûter les saveurs de la cuisine thaïlandaise .

Deuxième nuit au village : en dépit de la chaleur, on apprécie la souplesse des matelas et les bruits de la nuit semblent déjà plus familiers. Au réveil, petite réminiscence de notre pays : une bonne odeur de café et même pain grillé et beurre - le beurre, produit de luxe, importé de Nouvelle Zélande, que la cuisinière a réussi à trouver.

Le minibus nous attend pour la visite des protégés de nos amis : de maison en maison, de famille en famille, les parrains découvrent leur vie quotidienne. Certains sont orphelins . Les voisins viennent en curieux : on vient voir ces gens si bien habillés, guidés par quelqu’un qui a l’air d’être thaï et qui, pourtant s’embrouille parfois dans la langue ! Bien sûr, notre visite était attendue : tout est propre mais, si on peut masquer la saleté, la pauvreté, elle, ne se dissimule pas !


Nos amis veulent offrir à ces enfants une journée de loisir . Avec notre minibus et guidés par Sompop , neveu de Montri, qui servira aussi d’interprète, ils partent pour le zoo de Lopburi à 30 km du village. Pendant ce temps Montri et moi-même irons visiter une quinzaine d’autres enfants parrainés, de maison en maison, de misère en misère ! Nous mesurons mieux l’utilité de notre action - là-bas à 170 km, Bangkok la ville-vitrine, ici la pénibilité des rizières , la pauvreté et parfois, l’alcoolisme. Une institutrice nous accompagne : elle connaît chaque famille, nous guide, nous conseille- attention de ne pas donner trop d’argent aux enfants de la part des parrains restés en France ; il pourrait ne pas leur profiter. Il est plus judicieux d’en confier une partie à l’école qui redistribuera tout au long de l’année, en remboursant des achats utiles à l’enfant et à lui seul.

Le soir, nous rentrons , épuisés mais heureux de retrouver le groupe, ravi de sa sortie au zoo : les enfants en ont pleinement profité et c’est à qui vantera l’exceptionnel éveil de son filleul !

Montri et moi sommes peu loquaces : la misère, ce n’est pas facile à « dire » !

18h30 : à cette époque de l’année, la nuit tombe très vite. Avant le dîner, nous devons faire les bagages, pour être prêts à partir dès l’aube, pour le nord, en passant par Sukhotai, l’ancienne capitale, Chiangmai et Chiangrai. Nous partons en direction de la frontière birmane et du Laos, vers le triangle d’or ; ensuite nous redescendrons le long du Mékong jusqu’à Hua Hin, notre point de chute.

Tout est prêt pour le départ. « Hero », le petit protégé de Marie-Christine est là pour les adieux : la marraine est en larmes, le garçon a du mal à comprendre. Je dois lui expliquer la tristesse qu’elle ressent. Nous partons , silencieux ; les sentiments n’ont à ce moment besoin d’aucune parole pour s’exprimer.

De retour à Bangkok au terme de notre périple, nous avons parcouru 2500 km .

« Qu’est ce qui vous a le plus marqués ? » demandé-je

Réponse instantanée et unanime : « Le village de Makhamtao »